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ports, vous leur vendriez les productions de vos colonies, dont les Anglais n’enlèvent que l’or ; par ce moyen, vous ne vous apercevriez pas de ce qu’ils vous ôtent, il vous en resterait autant qu’ils vous en prennent, votre crédit se rétablirait, et vous vous affranchiriez du joug en dépit d’eux. — C’est pour arriver là que nous ranimons nos manufactures. — Il faudrait avant cultiver vos terres ; vos manufactures ne seront pour vous des sources de richesses réelles, que quand vous aurez dans votre propre sol la première matière qui s’y emploie ; quel profit ferez-vous sur vos draps ; si vous êtes obligés d’acheter vos laines ? Quel gain retirerez-vous de vos soies, quand vous ne saurez conduire ni vos mûriers, ni vos cocons ? Que vous rapporteront vos huiles, quand vous ne soignerez pas vos oliviers ? À qui débiterez-vous vos vins, quand d’imbéciles réglemens vous feront arracher vos seps, sous prétexte de semer du bled à leur place, et que vous pousserez l’imbécillité au point de ne pas savoir que le bled ne