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la vertu n’est que relative, encore une fois, c’est une vérité dont il faut se convaincre avant de faire un pas sous les portiques du lycée : voilà pourquoi je te disais hier, que je ne ferais pas à Lisbonne ce que je ferais ici ; il est faux qu’il y ait d’autres vertus que celles de convention, toutes sont locales, et la seule qui soit respectable, la seule qui puisse rendre l’homme content, est celle du pays où il est ; crois-tu que l’habitant de Pekin puisse être heureux dans son pays d’une vertu française, et reversiblement le vice chinois donnera-t-il des remords à un Allemand ? — C’est une vertu bien chancelante, que celle dont l’existence n’est point universelle. — Et que t’importe sa solidité, qu’as-tu besoin d’une vertu universelle, dès que la nationale suffit à ton bonheur ? — Et le Ciel ? tu l’invoquais hier. — Ami, ne confonds pas des pratiques habituelles avec les principes de l’esprit : j’ai pu me livrer hier à un usage de mon pays, sans croire qu’il y ait une sorte de vertu qui plaise plus à l’Éternel