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vation des mœurs pernicieuse ? — Non pas généralement, je ne l’accorde que relativement à l’individu ou à la nation, je le nie dans le plan général. Ces inconvéniens sont nuls dans les grands desseins de la nature ; et qu’importe à ses loix qu’un empire soit plus ou moins puissant, qu’il s’agrandisse par ses vertus, ou se détruise par sa corruption ; cette vicissitude est une des premières loix de cette main qui nous gouverne ; les vices qui l’occasionnent sont donc nécessaires. La nature ne crée que pour corrompre : or, si elle ne se corrompt que par des vices, voilà le vice une de ses loix. Les crimes des tyrans de Rome, si funestes aux particuliers, n’étaient que les moyens dont se servait la nature pour opérer la chûte de l’empire ; voilà donc les conventions sociales opposées à celles de la nature ; voilà donc ce que l’homme punit, utile aux loix du grand tout ; voilà donc ce qui détruit l’homme, essentiel au plan général. Vois en grand, mon ami, ne rapetisse jamais tes idées ; souviens-toi que tout sert à la