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rendez-vous de sa maîtresse qu’en présence même de sa mère, ne deviendra jamais le séducteur de celle qu’il aime, ainsi ce n’est pas sur elle que tombent mes craintes… c’est sur vous seul… vous éloignerez votre bonheur… Que dis-je, vous le détruiriez à jamais. Travaillons plutôt à l’obtenir un jour sans mélange, qu’à le goûter ainsi par portion, qu’à hazarder pour un moment heureux qui, peut-être, ne réussirait pas, la certitude de le savourer bientôt tout entier… Non, je m’oppose à cette fantaisie, je fais plus, j’exige qu’au moins d’ici à quelque tems vous ne m’en parliez plus…, vous qui invitez les autres au courage…, est-ce ainsi que vous en faites paraître ?… Je vous pardonnerais si vous aviez quelques motifs de jalousie, mais vous êtes aimé, vous l’êtes uniquement, rien ne peut agiter votre ame, rien ne doit la porter au désespoir ; songez que c’est moi…, moi qui vous aime peut-être autant qu’elle, que c’est moi qui vous défends de vous désespérer, et que c’est moi que vous affligerez, si vous ne me