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fatiguée du fardeau de mon sein, n’osant presque point prendre de nourriture, de peur que le peu d’argent que j’avais ne me conduisit point à Berceuil ; je m’en croyais près, lorsque je me suis perdue, et que les douleurs m’ont arrêtées ; c’est là où j’ai eu le bonheur de rencontrer monsieur, dit Sophie en me désignant, et quelqu’affreuse que soit ma situation, poursuivit-elle, en fixant madame de Blamont, je la regarde comme une grâce du ciel, puisqu’elle m’assure l’appui d’une dame, dont la pitié me secoure, et dont les bontés me feront retrouver celle que j’appelle ma mère. Je suis jeune, j’ose ajouter que je suis sage, si j’ai fait une faute, Dieu m’est témoin que c’est malgré moi… je la réparerai… je la pleurerai toute ma vie… j’aiderai ma bonne Isabeau dans son ménage, et si je n’ai pas une aisance semblable à celle que m’avait procuré le crime, j’y trouverai du moins de la tranquillité et n’y connaîtrai pas le remord.

Ici, les larmes coulèrent des yeux de