Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ville — Oh parbleu ! nous n’attendrons pourtant pas jusques-là, je l’ai promise pour demain, à ma femme… et je veux… eh mais ! ne s’acquitte-t-on pas de ces misères-là par-tout ? M. Delcour. — Par tout, et aussi-bien chez vous qu’ici. Ne croyez-vous donc pas, Isabeau, qu’il puisse être dans la capitale d’aussi bons directeurs de jeunes filles que dans votre village de Berseuil ?… Puis se tournant vers moi — Sophie, voudriez-vous mettre des entraves à votre fortune, quand il s’agit de la conclure… le plus petit retard. Hélas ! monsieur, interrompis-je naïvement, dès que vous me parlez de fortune, j’aimerais mieux que vous fissiez celle d’Isabeau, et que vous me permissiez de ne la jamais quitter ; et je me rejetais dans les bras de cette tendre mère… et je l’inondais de mes pleurs… Va, mon enfant, va, dit celle-ci, et me pressant sur son sein, je te remercie de ta bonne volonté, mais tu ne m’appartiens pas… obéis à ceux de qui tu dépens, et que ton innocence ne t’abandonne jamais.