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vous rendra l’amour des Français, que vous ne mériterez jamais de perdre quand vous vous conduirez d’après vous-même, mais qui se changera bientôt en haine ou en mépris quand on ne verra plus dans votre personne que l’instrument facile de la bassesse des uns et de la méchanceté des autres.

Vous me prenez peut-être, à ce langage, pour un ennemi de la Monarchie et du Monarque, non, Sire, je ne le suis point ; personne au monde n’est plus intimement persuadé que moi que l’Empire François ne peut être gouverné que par un Monarque, mais il faut que ce Monarque, élu par une Nation libre, soit fidèlement soumis à la Loi… A la Loi faite par les Représentans de cette Nation seule en droit de les promulguer, parceque la puissance ne peut résider que dans elle, et que le pouvoir dont vous jouissez, n’étant qu’un pouvoir confié, il vous est impossible d’en user autrement que pour la gloire et la grandeur de ceux qui vous le confient… Je finis. Sire, puisse votre exemple éclairant vos contemporains et vos successeurs sur le Trône, leur apprendre à respecter les peuples qu’ils ont l’honneur de gouverner ; puissent-ils à cette terrible école se bien convaincre que les rênes qui leur sont remises par des hommes libres et égaux d’après les Loix de la Nature, sont dans leurs mains comme le gouvernail que le maître du vaisseau remet à son pilote, et qu’ils deviennent ainsi que lui, éternellement responsables et devant Dieu et devant les hommes, de la manière dont ils les tiennent.


GIROUARD, Imprimeur, rue du Bout-du-monde.