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MARQUIS DE SADE — 1775
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parle ferme, vous pouvez vous en fier à moi. « Cet homme (lui fais-je dire) est donc dans un labyrinthe affreux puisqu’il ne peut finir ses comptes ; cet embarras semble ne faire honneur ni à sa capacité ni à son honnêteté, etc… » Songez que c’est l’abbé de Marseille qui parle ; ce n’est pas moi !


Madame de Montreuil pense que l’affaire de Lyon est arrêtée, mais entretient l’avocat des difficultés que présente la cassation de l’arrêt d’Aix. (À Paris, le 29 avril).

……À mon retour ici je n’ai trouvé aucune nouvelle de Lyon. À moins que vous n’en ayez de contraire, j’ai lieu d’espérer que rien ne s’y suit. Si vous aviez quelque raison d’en penser autrement, avertissez m’en sans délai. Je n’ai personne du tout à présent dans cette ville à qui je puisse m’adresser avec confiance. Je ne connais pas de gens en sous-ordre ; d’ailleurs c’est à ceux-là précisément qu’il ne faut point écrire. Ce serait marquer de la peur et cela enhardirait ceux qui ne demanderaient pas mieux que d’en inspirer pour tirer de l’argent. Il est des occasions pourtant où il vaudrait mieux se sacrifier que de laisser aller une procédure. Si M. de Sade eût usé de cette manière, lorsqu’il était à Marseille avec ses poches pleines, au lieu de s’en revenir tranquillement et garder huit jours de silence, il aurait évité le malheur qui s’en est ensuivi. Cela est fait, il s’agit de réparer si l’on peut. Dites encore à madame de S. qu’il ne faut pas qu’ils s’imaginent la chose si facile et qu’en me persécutant d’une manière insultante comme ils le font jusqu’ici, ce soit un moyen de hâter…… Ils doivent sentir que mon mémoire est bien fait, mais qu’il est faible sur des articles parce qu’il ne peut pas être plus fort, notamment sur celui des moyens de cassation ou révision sans se constituer, que c’est pourtant à ces moyens qu’il faut s’en tenir. Je cherche à découvrir des exemples convaincants, en même nature que notre affaire. Je crois être bien assurée de la bonne volonté des chefs d’Aix ; mais on voudrait des ordres de la Cour pour être autorisé d’agir. Encore cette tournure n’est-elle pas sans inconvénients, mais c’est pourtant la meilleure. Ici je trouve autant de bonne volonté dans M. le garde des sceaux[1], mais un chef de la justice encore à peine établi craint de se compromettre toutes les fois qu’il ne trouve pas la marche qu’on lui propose autorisée par les lois. Les ministres et lui-même ne jugent pas à propos de recourir à la voie de la pleine autorité du roi au conseil des dépêches, parce qu’on ne juge pas devoir salir l’imagination d’un jeune prince du récit des détails de cette procédure, qui d’ailleurs l’indisposerait trop contre celui qu’elle regarde. Il vaut mieux éviter de lui en parler si l’on peut……

Je ne trouve pas clair dans votre lettre que la dame ne soit pas enceinte. C’est un article dont je vous prie de vous éclaircir avec sûreté et sans délai

  1. Hué de Miromesnil, garde des Sceaux de 1774 à 1787. Il est l’auteur de la déclaration du vingt-quatre août 1780, portant abolition de la question préparatoire.