tranquille sur cette affaire. J’ai vu avant hier au soir des nouvelles arrivant
de Lyon entre les mains du Commandant. Cette histoire y fait beaucoup de
bruit. On y sait la sortie de la petite qui est chez M. l’abbé. On la conte à
peu près comme elle est. Cela a achevé d’alarmer les parents qui redemandaient
et avaient porté plainte. Ils font beaucoup de bruit et poursuivent.
La dame s’est compromise dans les réponses qu’elle a faites au procureur
du roi et aux curés. Elle a tergiversé, parlé de couvent, dit qu’on ne les
rendrait que lorsqu’on lui aurait remboursé les pensions… puis convenu
qu’on était chez elle. Tout cela a aigri, paru plus suspect, et fait un très
mauvais effet.
Les jeunes femmes ne savent pas les lois et la conséquence des affaires, et elle peut se trouver grièvement compromise dans celle-ci. Allez sur le champ la trouver, monsieur ; lisez-lui ma lettre, qu’elle vous lise aussi ce que je lui ai écrit avant-hier en réponse aux conseils qu’elle me demandait. Agissez sans délai. Il n’y a pas un moment à perdre. Au point où est cette affaire, il ne faut pas la traiter par écrit. Allez à Vienne et à Lyon négocier ; le faire en cette occasion par écrit serait peut-être fournir des armes contre soi. Vous savez assez les lois pour m’entendre et me deviner……
Il faut que la femme Desgranges se désiste, mon cher avocat, (et cela vous me voyez autorisé à l’exiger par la lettre ci-jointe que je reçois de madame de Montreuil) des plaintes par elle portées au procureur du roi de Lyon, en vertu desquelles le dit procureur du roi a commencé une information……
Vous me renverrez, je vous prie, cette lettre de madame de Montreuil après l’avoir lue. Le jupon a fait le plus grand effet et on est aujourd’hui de la meilleure humeur du monde……
J’ai vu avec satisfaction, monsieur, la manière dont vous avez terminé l’affaire, et la construction des décharges dont vous avez très bien fait, et monsieur l’abbé, de m’envoyer des copies en règle. Ayant la principale d’icelles, j’en ai envoyé un exemplaire à M. le procureur du roi de L. en lui écrivant vivement sur la nécessité de punir, ou d’en imposer à la femme que ma fille m’a nommée. J’aurai sûrement réponse dimanche ou lundi…… J’ai grande impatience d’apprendre que la suite est terminée. Je ne pense pas que la femme Lagrange puisse rien faire quand elle aura donné ce qu’on en exige. J’ai conseillé à la dame de s’en remettre sur cela à votre prudence. Pour la personne qui est à Saum… c’est celle qui m’inquiète le plus à cause de la jaserie. La dépayser est dangereux et deviendrait très grave. La laisser