Ma mère est comme une lionne, mais avec cela elle a quelques procédés qui
ne sont pas conséquents. Aussi, quoi qu’elle dise, je crois qu’elle se prêtera
aux arrangements.
Pour la grande affaire on prendra le parti de la faire casser, et de tout nier ; les mouches[1] ne sont pas prouvées et, à la révision, le second fait[2] peut être mis de côté. C’est une chose de faveur à la vérité, mais que l’on m’assure n’être du tout point impossible d’obtenir. À savoir si l’on me tiendra parole ; c’est ce que la suite fera voir. Allez, je vous prie, à Saumane et faites entendre à M. l’Abbé qu’il n’y a nulle nécessité qu’à toutes les requêtes qu’il présente à Aix il écrive tout au long dedans que son neveu est mort civilement. On est révolté de ce procédé, et à Paris et à Aix. Vous qui avez du crédit sur son esprit, ôtez-lui cela, je vous conjure, de la tête……
…J’ai pour mes affaires promesse certaine que la requête en cassation sera présentée d’ici à six semaines. Le projet que l’on m’a fait enfin confier est de faire renvoyer cette cassation à l’ancien parlement qui, dit-on, va rentrer, afin que ce soit une réhabilitation entière, de justice et non de faveur, comme on le pourrait croire si cela se jugeait ici. Pour la lettre [de] cachet, le ministre ne veut la demander, la levée, qu’après la cassation de l’arrêt…… Le bouleversement[3] fait que dans ce moment-ci on ne veut entendre à rien qu’aux affaires d’état. Ma plainte est toujours entre les mains de M. le procureur du roi……
Si par hasard M. de Sade était arrivé, ou à Mazan ou à la Coste, comme je le lui conseille, plutôt que d’être chez l’étranger, à beaucoup dépenser, vous lui donneriez cette lettre ; s’il n’a pas suivi mon avis, vous m’enverrez cette lettre ici. L’on est très convaincu ici qu’il y est, je m’en aperçois à tous les propos ; ainsi il n’en coûtera pas plus qu’il y soit réellement ; il épargnera et sera beaucoup plus à portée de savoir les nouvelles que je lui marquerai……