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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


me les pardonne, voilà pourquoi je vous en ennuie en ce moment. Vous avez raison dans votre lettre, il est bien plus joli de s’écrire comme cela en amis, que toujours en colère comme nous faisions autrefois. Oubliez tous mes torts et ne me refusez jamais ni vos soins ni votre amitié. Je n’oublierai jamais que vous me les promîtes dans cet instant cruel qui nous sépara, et l’on doit tenir ce que l’on promet alors……


Le marquis impute à l’indolence de Gaufridy les difficultés dans lesquelles il se trouve.

……Nous avons près de Barras les meilleures recommandations. J’arrive à lui avec un mémoire de tous les patriotes de ma section qui affirment que je n’ai jamais bougé et qui demandent eux-mêmes que l’on me rende justice, et, malgré tout cela, nous ne pouvons parvenir à Barras, c’est-à-dire à le voir en particulier car en public c’est fort aisé ; mais on ne fait rien en public. Sensible y va après-demain ; c’est douze francs qu’il nous en coûte chaque fois qu’on essaie. Cet hiver-ci nous coûte déjà plus de huit cents francs en faux frais, sans compter les présents et les gratifications qu’il faudra. Oh ! quelle f… affaire, vous nous avez laissée-là ! Et quel triste hiver vous nous faites passer ! Oh ! mon Dieu, lorsqu’en mai 93, vous vîtes que le Rhône effaçait, vous ne pouviez pas dire à Vaucluse : « Effacez donc puisque le Rhône, qui est votre matrice, efface[1]…… » Oh ! mon ami ! Mon cher ami, dans quel gâchis vous m’avez jeté ! Et, quelqu’innocent que je sois, si cela était mal pris, il y aurait pour moi les plus grands dangers.

Pourquoi diable allez-vous écrire à mon fils que l’affaire est mal prise ? 1o  Quel besoin a-t-il de savoir cela ? Et, 2o , dès que c’est Sensible qui s’en mêle et qui s’y donne toute la peine imaginable, pourquoi mettez-vous par cette plainte mon fils dans le cas de croire qu’elle agit mal ? Voulez-vous donc les brouiller, tandis que je ne travaille qu’à les bien mettre ensemble ? Sensible est fâchée contre vous et elle ne vous pardonnera qu’en nous envoyant sans faute de quoi vivre le premier mars……


La citoyenne Quesnet invite François Gaufridy et sa sœur Benoîte à venir voir la superbe ville de Paris. (21 pluviôse, an VI)*.

……Je vous prie de dire à mademoiselle Benoitte quelle ne manveulle pas si je ne luis avoye pas ce que nous somme convenue mes jatans une ocation favorable je l’anbrase de tout mon cœur insi que Mlle Goton et M. Charle.

À l’egard de l’affaire majeure on fait ici ce quon peut mais tout sest

  1. La chose eût été difficile. Le département de Vaucluse n’a été désemparé de celui des Bouches-du-Rhône que le vingt-six juin 1793. En fait la radiation provisoire a été ordonnée par arrêté, mais le nom a dû rester sur la liste.