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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


de la police correctionnelle de l’arrondissement d’Avignon, le vingt-sept présent mois messidor, lieu ordinaire des séances, heure de dix du matin, pour voir déclarer faux et calomnieux le contenu des lettres ci-dessus, et notamment l’inculpation faite au requérant d’avoir détourné à son profit une partie des revenus du dit Sade, dont la recette a été par lui faite en sa qualité de receveur du domaine national, et, pour réparation, se voir condamner à la somme de quinze cents francs d’amende applicable à l’aumône de la commune d’Avignon, aux frais d’impression, publication et affiches du jugement qui interviendra pour cinq cents exemplaires qui seront distribués dans tout le département de Vaucluse, et pour se voir, en outre, condamné aux dépens, avec inhibition et défense qui lui seront faites de récidiver sous de plus grands peines, et sauf au commissaire du directoire exécutif, pour la vindicte publique, de prendre contre le dit Sade telles conclusions qu’il appartiendra……


Le marquis désavoue, par un acte notarié, l’accusation qu’il a portée contre le sieur Perrin, fonctionnaire public.

L’an cinquième de la République française et le vingt-quatre messidor, par devant nous, Jean-Joseph Liotard, notaire public de cette commune de l’Isle, soussigné, et en présence des témoins à la fin nommés, fut présent le citoyen Louis Aldonce de Sade, homme de lettres, demeurant ordinairement à Saint-Ouen, département de la Seine, se trouvant aujourd’hui au dit l’Isle, lequel nous a dit et exposé : qu’étant arrivé à Saumane où il possède divers biens et rentes, s’étant adressé à divers de ses débiteurs pour leur demander les arrérages des rentes qu’il supposait lui être dues, quelques-uns d’entr’eux lui ayant dit qu’ils avaient payé au citoyen Perrin, résidant à l’Isle, ce qu’ils pouvaient devoir à l’exposant jusques et inclus l’an troisième de la république, lequel Perrin était, disaient-ils, chargé de recevoir les rentes des émigrés, ce qui l’aurait d’autant plus indigné qu’il n’a jamais émigré et qu’il n’a même jamais été porté sur la liste des émigrés dressée dans le département qu’il habitait, et que, s’il a été porté sur pareille liste dressée dans le département des Bouches-du-Rhône, ce n’a été que par erreur en mil sept cent quatre-vingt-treize dans le temps de la Terreur, et que le département reconnut si bien son erreur que, deux mois après, il fut rayé de cette fatale liste, et que copie de l’arrêté de radiation fut envoyée dans toutes les communes où il possédait des biens et encore à Avignon, chef-lieu de ce département ; qu’il n’a donc jamais été porté sur la liste des émigrés de ce département et qu’il fut d’autant plus surpris d’avoir pu être regardé comme émigré dans ce département qu’il ne put retenir son indignation et qu’alors, sans approfondir en quelle qualité le citoyen Perrin qui lui était désigné avait dû percevoir les rentes qui lui appartenaient, il ne dissimula pas qu’il le confondit avec des prétendus patriotes de l’Isle qui, à la même époque, faisaient faire des contributions et, ne suivant que son premier mouvement, il écrivit au citoyen Perrin deux lettres dans lesquelles il se permit des qualifications qu’il désavoue, recon-