par préférence, chez une dame veuve également de cet âge, dont on puisse
faire sa société. On désire pour logement deux chambres à coucher avec
garde-robe, des lits propres et bons, un grand cabinet ou salon attenant ces
deux chambres et une chambre de domestique. Quant à la nourriture, on
désire également la trouver dans la même maison. On veut à dîner la soupe,
le bouilli, une entrée, un entremet, du dessert, du bon vin d’ordinaire, une
misère à déjeuner et un plat de légumes à souper. Un homme d’environ
cinquante ans, une femme d’à peu près trente, uniquement liés par l’amitié,
sont les trois personnes dont il est question. L’homme a de fréquents voyages
à faire dans les environs, moyennant quoi il sera moins à charge pour la
pension. Quant à la dame, elle sera plus sédentaire ; sa société est douce ;
elle est pieuse, extrêmement honnête, fort réservée, et désire trouver les
mêmes vertus dans les personnes qui prendront en pension et en société,
elle et son ami.
Il est inutile d’observer qu’on ne veut pas absolument d’auberge. C’est une maison bourgeoise et honnête que l’on veut.
……On va sans doute démolir les Célestins d’Avignon ou disposer de ce terrain. Les cendres de Laure reposent en cette église, dans une chapelle de notre maison. Ne serait-il pas décent de donner à cette femme célèbre un asile inviolable, tel qu’une des paroisses de mes terres, et ce projet, uniquement philosophique à mes yeux, ne serait-il pas vu comme aristocrate par les patriotes ? Je vous consulte sur ce fait, vous m’y répondrez, je vous prie. Les pères célestins d’ailleurs ont, je crois, quelques papiers ou monuments relatifs à Laure. Ne faudrait-il pas les retirer ? Ils ont, je crois, l’original des vers de François premier pour Laure[1] ; ce serait, me semble, une pièce à retirer.
……On assure que M. le chevalier, à son dernier voyage de Provence, c’est-à-dire tout dernièrement, entra chez vous d’un air fort décidé, et vous dit : « Il me faut de l’argent ! » Vous refusâtes d’abord. Il tint alors de fort mauvais propos, vous dit qu’il était le maître, qu’il était chez lui etc. Ému, vous répondîtes que vous n’aviez que six cents francs. « Eh bien ! dit-il, donnez-les moi », et vous les lui donnâtes. Je vous somme de me dire la vérité sur ce fait. D’abord, si vous ne me la dites pas, vous en seriez la dupe, attendu que je vous donne ma parole d’honneur que je vous passerai jamais cet article-là dans vos comptes. Madame de Sade touchant les revenus de ses enfants doit seule solder ce ridicule et insolent emprunt……
- ↑ L’épitaphe de Laure : « En petit lieu compris vous pouvez voir… »