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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


conjure ; la seule façon de bien finir avec les amis, c’est de les assurer qu’on les aime et ce sera, si vous le voulez bien, mon cœur qui se chargera du compliment vis-à-vis de vous. De Sade.


Ripert fils raconte comment le saint-père a échoué à empêcher les états généraux. (19 mai 1790).

……Les bagarres se continuent toujours dans cette province et à la ville d’Avignon. N.S.P. le pape, par ses deux lettres du vingt-cinq avril dernier adressées l’une à la municipalité du dit Avignon et la seconde à la commission intermédiaire de la province, en défendant tout expressément la tenue des états généraux et cassant toutes délibérations qui auraient pu être prises dans les assemblées précédemment tenues par les trois ordres de la province et les règlements et ordonnances que la force avait arrachés à Mgr. le vice-légat, nous annonçait la prochaine arrivée de M. Célestini qu’il envoyait pour remédier aux abus qui pouvaient s’être glissés dans ces pays. La municipalité d’Avignon, peu satisfaite de cela, et craignant que son arrivée causât quelque contre-révolution pour qu’il n’y eût pas des états généraux, délibéra de ne le point recevoir et, que si, nonobstant ce, il arrivait qu’il s’introduisît dans leur ville et son terroir, de l’obliger d’en sortir à l’heure même sous peine d’être poursuivi comme perturbateur du repos public, dessein [?] dont ils eurent soin de faire informer le dit sieur Célestini à son arrivée à Orgon, où il s’arrêta en attendant d’être informé du vœu de la province. Quelques membres de la commission intermédiaire de la dite province, quoique également portés à lui faire le même accueil, n’ayant pas les pouvoirs qu’ils auraient pour ce désirés, furent obligés de convoquer l’assemblée générale des trois ordres, qui eut lieu le dix de ce mois, pour savoir le vœu de chaque communauté, laquelle, après bien des altercations, conclut d’envoyer prendre M. Célestini par quatre députés, ce qui fut exécuté malgré l’opposition que la milice et le peuple de Carpentras voulaient y apporter, disant que les circonstances impérieuses ne permettaient pas à notre souverain de les refuser. Il arriva donc le douze à six heures du soir dans la salle de la province, et, après quelques compliments faits de part et d’autre, il dit à l’assemblée, lors tenante, que sa mission était très bornée, et demanda jusqu’au lendemain huit heures pour réfléchir sur le plan de réforme et de nouvelle constitution qui lui fut présenté. Mais, dans ce court espace de temps, ayant pris quelques informations, voyant d’un côté les circonstances présentes et d’un autre un camp composé de la majeure partie des milices du Comtat qui se forma le même jour sous les remparts de Carpentras, nonobstant la défense faite par Mgr. le vice-légat, approuva le tout ainsi que la tenue des états généraux, sous le nom d’assemblée provinciale, qui commenceront le vingt-quatre de ce mois, ne les ayant différés jusqu’alors que pour donner le temps aux corps de MM. les seigneurs feudataires et du clergé de faire leurs députés dont l’élection avait été suspendue d’après les lettres du souverain.