Je ne vous réponds pas de ma nouvelle, monsieur l’avocat, mais l’on prétend qu’il vient de partir nombre de personnes pour aller soulever la Provence. En tout état de cause, faites comme pour vous. Mettez à l’abri, premièrement, les papiers essentiels des terres de la C., de S., titres de famille ; qu’il n’y ait que vous, ou gens sûrs comme vous-même, qui sachent où ils sont, afin de les en retirer quand il en sera temps. Que cela soit aussi à l’abri des rats. Je désire que ce soit une peur panique : l’on dit tant de choses !……
……Partout, c’est train, c’est cessation de recevoir les impôts, c’est argent pris dont l’on ne peut rendre compte. L’on a augmenté de beaucoup les dettes de l’état et l’on a mis le roi hors d’état de payer. Il faudra faire de très grands sacrifices. M. Necker demande le quart du revenu net, déduits les impositions, réparations, frais, pour une fois seulement, et les rentes et effet n’en seront pas exempts. L’on s’en rapporterait à la bonne foi des particuliers. L’on a perdu le militaire et la noblesse et tout cela n’a produit aucun bien, et l’on sera forcé, pour remettre de l’ordre, de faire tout ce que vous pensez et qu’il n’est pas besoin d’écrire.
Depuis trois mois que cela dure, tous les gens honnêtes ne peuvent pas respirer tranquillement et dire au moins : « Voilà un commencement de bien, il faut espérer que cela continuera ». On craint tout comme les premiers jours sans être plus avancé.
Bonsoir, monsieur l’avocat……
C’est avec bien de douleur que je viens vous apprendre la mort de M. le grand prieur, arrivée le vingt de ce mois, ainsi que nous le marque un notaire de Toulouse par la lettre que nous avons reçue ce matin. Heureusement que je me rendis hier ici, où je trouvai madame la comtesse de Villeneuve, qui s’y était rendue, sur des nouvelles qu’elle avait reçues que M. le grand prieur était à toute extrémité, pour y enlever ce qu’elle trouverait à sa bienséance. Nous conclûmes tout de suite de mander prendre