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1788


Sur les conseils de l’abbé Gabriel, prêtre d’Apt résidant à Rome, Gaufridy veut renoncer à demander le rescrit relatif aux droits des coseigneurs de Mazan. La question de savoir s’il faut rester en instance ou se faire restituer la provision remise à l’abbé Féru, procureur de MM. de Sade et Causans à Rome, fait naître un grand débat entre l’avocat et Conil, petit notaire de Mazan, mais modèle achevé d’homme d’affaire officieux et subtil, gribouilleur et besogneux, outrecuidant et plat, quémandeur infatigable, plein d’esprit jusque dans le faux et dépourvu de dignité même dans le juste.

Le fils aîné de madame de Sade ne se relève pas de la fièvre maligne contractée à Belle-Isle et menace de tomber en consomption. Il serait digne d’être Provençal car « c’est la poudre », mais d’ailleurs bon enfant et très aimé de ses camarades. Il plaisante lui-même de son mal en écrivant à son frère qui prend le change sur sa gaîté et croit qu’il n’a pas été aussi atteint qu’on le dit. Le cadet a fait, en passant, la conquête de M. de Murs, vieux parent du marquis reclus dans son château avec une servante maîtresse qui est un vrai cerbère, et la marquise se montre enchantée de ce succès de son fils.

Depuis son arrivée à Malte le chevalier attend vainement les brefs qui lui seraient nécessaires pour obtenir une des commanderies qui viendront à vaquer dans le grand prieuré de l’oncle. Celui-ci, qui devait y pourvoir, n’y a plus pensé. Par contre il n’oublie pas de porter en compte vingt louis qu’il a remis à son petit-neveu.

Le grand prieur fait mettre à l’adjudication les travaux de Mazan. On n’ose regarder de trop près aux devis, mais la marquise tient du moins à ce que sa pension lui soit exactement payée. Elle demande à l’avocat de la conseiller sur l’emploi des vingt-deux mille livres qu’elle doit toucher dans la succession de sa tante Dazy. Les placements sont difficiles et ceux que l’on fait sur le roi sont hasardeux. Il y a beaucoup