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MARQUIS DE SADE — 1786
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si l’on parle du retour du commandeur et s’il est arrivé. Il est parti sans me rien dire. Je le reconnais bien là, et à d’autres il a dit qu’il revenait dans huit jours……


Ripert rend compte à Gaufridy des faits et gestes du commandeur et des mesures qui ont été envisagées à Paris pendant son séjour. (27 novembre 1786).

……M. le commandeur est arrivé bien portant. Il doit partir cette semaine prochaine pour Marseille et porter de l’argent pour tenir auberge à Malte. Il n’a point vu M. le marquis ; il a vu plusieurs confrères, a vu madame et a vu les MM. de Montreuil. On a voulu faire faire une procuration à M. le marquis pour la régie de ses affaires. Il n’a point voulu faire. Il y a apparence, à ce qu’on m’a dit, que la famille devait s’assembler pour pouvoir faire faire une administration. Il a beaucoup vu M. le chevalier, son petit-neveu. Il en a été fort content ; il est joli homme et fort doux et très bien élevé, et il a promis certainement de lui faire du bien……


La marquise écrit à l’avocat que M. de Sade ne veut pas croire que son oncle soit venu à Paris sans aller le voir. (30 décembre 1786).

……M. de Sade se porte bien, excepté sa douleur de pieds qui le tourmente souvent. Il y a un chirurgien qui prétend que c’est un peu de goutte ; d’autres assurent que non, que c’est rhumatisme. Cependant, depuis qu’il y applique des choses douces et qu’il ne se fait plus frotter, il éprouve un peu de soulagement. Je le vois souvent. Il a été fâché de ce que son oncle ne l’est pas venu voir et cela même lui fait douter qu’il soit venu à Paris. Ripert me marque que le grand prieur de Toulouse est fort mal. Si cela est, le commandeur sera bien heureux de n’avoir tenu auberge que trois ou quatre mois. Bonsoir, monsieur l’avocat……


Madame de Sade-Villeneuve ne veut plus des meubles qu’on lui refuse. (Sans date).

Dès qu’il y a tant de cérémonies à faire pour me livrer des effets que je désirais chez moi pour l’avantage de mon neveu, je n’en veux plus. Leurs calculs ne s’accordent pas avec le mien ; j’y mettais des procédés, dès que je n’en trouve pas, tout est dit. Je n’entends rien aux manigances. Je ne sais d’où elles viennent, ni ne veux le savoir. Chacun gardera ce qu’il a. Je suis fâchée de la peine que vous avez pris de m’écrire et de m’envoyer un exprès à propos de rien. Puisqu’on prétend avoir les mains liées et qu’il faut encore envoyer à Paris et attendre la réponse avant que de m’envoyer la note, mon voyage ne serait que fatigant et peu utile pour moi. Vraisemblablement on n’a pas besoin de moi pour autre chose. Adieu monsieur, je suis très parfaitement votre très humble servante.