qu’à se louer de lui. Il veut venir passer son semestre à Paris, mais
elle s’y refuse, crainte qu’il ne se gâte. Le cadet fait plusieurs garnisons :
il va de Joigny à Carcassonne, où il reçoit une sous-lieutenance,
et de là en Alsace. Il passe, chemin faisant, par Avignon, mais ne
songe pas à s’y arrêter pour aller visiter son oncle et ses deux tantes.
La mère se donne beaucoup de mal pour l’en excuser.
L’année est mauvaise : les revenus des terres sont en partie absorbés par les réparations, les récoltes se vendent mal, le blé est envahi par les charançons. Dans le Comtat et à la Coste, il y a au moins trois procès à engager ou à soutenir : celui de la montagne de Saumane, avec la communauté, mais le procureur a égaré le sac qui contenait l’arrêt rendu par le parlement d’Aix pendant le rattachement à la France ; un procès des coseigneurs de Mazan contre les officiers du domaine et la chambre de Carpentras pour un droit de régale mineure, et, parallèlement, une instance en cour de Rome pour faire réintégrer les mêmes seigneurs dans les droits régaliens que le comte de Toulouse leur a concédés en 1248 ; un autre, enfin, contre le sieur Payan, de la Coste, coupable d’avoir tracassé les fermiers du marquis. C’est un exemple à faire, bien qu’il soit malséant pour le seigneur de plaider contre son vassal.
Les créanciers, juifs ou chrétiens, les cautions du marquis, contre lesquelles ils se retournent ou menacent de le faire, les bénéficiaires de fondations ou de rentes tournantes réclament leur argent ou des garanties : on leur conte des lanternes.
……La position est toujours la même. Je ne puis prévoir quand elle changera. J’ai ouï dire que l’effervescence du caractère ne change point, et qu’on craindrait que les mêmes effets qu’elle a produits jusqu’ici ne suivissent la liberté. C’est un point dont je ne crois pas devoir me mêler désormais, après m’en être mêlée tant de fois, et l’avoir procurée, cette liberté,