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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


héritière des pensions de ses sœurs. Dès que cela sera fait, vous aurez la bonté, je vous prie, d’en instruire madame de Sade afin qu’elle me le dise. Vous direz à mes tantes que ce devoir de ma part aurait été rempli beaucoup plus tôt si l’on m’avait plus tôt instruit.

J’ai l’honneur d’être bien parfaitement, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Le comte de Sade.

La marquise apprend que mademoiselle de Rousset est à l’agonie et rend immédiatement à l’avocat tous ses pouvoirs en l’assurant qu’il n’en a jamais été dépossédé. (7 février 1784).

……Je reçois votre lettre où vous me marquez que l’on fait à cette pauvre mademoiselle de Rousset la recommandation de l’âme. Cette nouvelle m’afflige on ne peut pas davantage. Je ne conçois pas votre embarras ; et comment avec de l’esprit pouvez-vous croire les propos ? Quand on vous dit que l’on a des ordres, vous êtes en droit d’exiger que l’on vous les montre et de les lire vous-même et je vais même plus loin : c’est que, s’il en existait qui fussent contraires aux intérêts de M. de Sade et de la terre, avant que d’y acquiescer, vous seriez en droit de m’en écrire pour avoir explication et me faire les représentations nécessaires. Mais pour parler plus clair, personne n’a d’ordre que vous… En cas de mort et même sans cela, vous êtes en droit de vérifier l’inventaire que vous avez, toutes les fois que bon vous semble, et mademoiselle de Rousset de son vivant ne pouvait même être un obstacle à tout cela et je vous en donnerai des preuves certaines……


La marquise trouve les testaments de mademoiselle de Rousset singuliers et ordonne de reprendre le bois qui n’a pas été brûlé par la défunte.

……Je pense comme vous que mademoiselle de Rousset n’a jamais cru mourir et ces testaments me paraissent singuliers, d’après la façon de penser qu’elle m’avait confiée. Pour la boîte qu’elle vous a confiée, ne me l’envoyez que par occasion sûre et très sûre.

Si les froids que vous avez éprouvés ont approché de celui que nous avons eu cet hiver, je vous plains……

À l’égard du bois, ceux qui ont vendu leurs chênes ont eu bien tort, mais il faudrait en faire planter, de même que des oliviers, et que le garde mette à l’amende ceux dont les bestiaux viendraient les manger, et les garantir autant qu’il est possible parce qu’enfin il viendra un temps où il n’y aura pas un arbre dans le pays[1] et ceux que l’on aura élevés devien-

  1. La marquise a prévu le mal auquel on essaie aujourd’hui de porter remède.