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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


et voilà huit jours qu’il le fait et il n’y voit pas mieux. L’on prétendit que c’était un jeu de sa part, mais il est très possible que cela ne soit pas. J’espère le voir sous peu de jours. M. le N.. me l’a fait espérer et m’a ajouté qu’il se conduisait bien depuis quelques jours. Dans la lettre qu’il m’a écrite, il m’a marqué du bien de M. le N.., de V.. et du chirurgien. Vous n’imaginez pas combien cette platitude a fait effet en sa faveur, au point que je vois que, s’il y avait de la continuité dans ses écrits, on changerait de façon de penser à son égard. Je compte bien lui dire, pour qu’il continue. Je vous dirai que j’ai la plus grande foi à vos rêves presque autant qu’à la justesse de vos idées. Je désirerais bien qu’ils se réalisent et que M. de S.. fût bientôt en Provence pour y être avec lui……

J’ai eu vingt fois envie d’écrire à Gaufridy de m’envoyer l’inventaire de la Coste. Comme vous me marquez que vous me direz la manière dont il faut le faire, j’attends ce que vous m’écrirez pour m’y conformer……

Pour l’argenterie, cela ne m’étonne pas qu’il en ait gardé ; je suis étonnée qu’il n’en ait pas gardé davantage…… Avec les gens fins il ne faut pas se couper et, plus ils sont reconnus, plus il faut les ménager jusqu’à l’époque raisonnable où on ne les craigne plus……

Je sens tout le prix de votre amitié de rester avec des originaux qui sont méchants et mordants même, mais en même temps sentent leur motif. Vous avez trop d’esprit pour vous affecter et prendre garde à de pareilles espèces méprisables par leur conduite et leur motif. La manière de les punir, c’est de les mépriser. Oui, mademoiselle, nous causerons un jour, et ce ne sera pas une petite satisfaction pour M. de Sade et pour moi de nous rappeler toutes les obligations que nous vous avons, toute notre sensibilité à votre amitié. Ce sera un trio d’amitié où la franchise sera et est déjà pour base, où, rassemblant toutes nos preuves, nous jugerons sûrement de tout. Vous croyez bien que je voudrais y être……

Il y a longtemps que je soupçonne G.. d’avoir dans son étude des papiers importants pour le seigneur et voilà pourquoi il faut le ménager jusqu’à ce qu’on les ait. Son père a été régisseur. Je ramasse de côtés et d’autres ce que j’ai entendu dire ; ce que vous me marquez confirme mes soupçons……


Mademoiselle de Rousset, écrivant à Sambuc, donne un exemple du ton (si opposé aux façons brusques et impérieuses de Gothon !) qu’elle emploie avec les gens de la Coste.

J’ai eu l’honneur de vous écrire ce matin, monsieur. Toute lettre mérite une réponse. Un ministre répond à un Savoyard qui lui écrit ; je crois que je mérite au moins une égale considération de votre part. J’ai eu l’honneur de vous prévenir que je n’en voulais pas une verbale ni par commission ; je vous écris, je vous déclare les intentions de M. et de madame de Sade ; j’ai droit de vous la demander et de l’attendre pour remplir comme il faut ma mission ; je vous la demande par écrit……