représentations qu’il lui fit, il lui répondit qu’il voulait faire de l’argent, avec
un ton insolent bien entendu. J’ai prié M. le viguier et le procureur juridictionnel
de se transporter sur la place afin de juger par eux-mêmes de la
qualité et de la bonté du chêne ; ils ont trouvé l’homme en faute, ils le
lui[1] ont dit. Cet homme a répondu qu’il était maître chez lui. Le viguier
lui a répondu honnêtement que non, qu’il fallait respecter et suivre les
ordonnances et qu’en conséquence il lui enjoignait de suspendre son travail
jusqu’à nouvel ordre. L’homme a répondu qu’il enjoignait à son homme
de journée, qui était présent, de continuer son ouvrage et de ne point
s’arrêter à la visite du viguier et du procureur juridictionnel. Le viguier
piqué a pris en témoin de sa rébellion l’homme de journée et le garde qui
les avait accompagnés. Cela forme deux témoins. Quelle marche faut-il tenir
pour cela, monsieur l’avocat ? Si les officiers du seigneur sont méprisés par
un insolent paysan, que ne feront les autres !… Il s’est fait tout l’hiver un
hachis de bois bien criant. Les bourgeois le[2] favorisent parce qu’ils
l’achètent pour leur tirage. Dites-moi bien clairement s’il faut fermer les
yeux sur tout, parce qu’alors les officiers ne feront plus de fausses démarches.
S’il y a des moyens, je vous prie de les indiquer aux officiers. Les fourniers
continuent de couper de suite les petits chênes de la montagne ; le bois est
sans distinction pour eux. Le garde qui les trouva sur le fait leur en fit
des reproches ; ils balbutièrent je ne sais quoi. J’en ai parlé à M. Perrottet
qui m’a dit qu’il en parlerait aux consuls……
Il n’est plus à douter que nous n’ayons la paix. Le Mercure dernier nous apprit cette bonne nouvelle. S’il allait se dédire dans le suivant, au lieu de me l’envoyer je vous prie de le brûler……
……Par ce que vous me marquez de votre fille de service, je vois que vous avez une peine de chien et que cette espèce se ressemble partout……
Ma sœur est mariée ; je lui ai fait un présent dont je ne pouvais me dispenser et cela m’a arriérée de manière que je suis sans le sol.
Je suis inquiète de la vue de M. de S. Il y a peu de temps qu’il prétend qu’il n’y voit pas d’un œil. Il en souffre ; il n’y paraît rien. Grandjean, qui a été le voir, prétend qu’il est très possible qu’il ait un brouillard, que la fumée de sa chambre est bien propre à lui faire beaucoup de mal. Il lui a ordonné quelque chose qu’il prétend dissipera cela entièrement sous peu,