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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


fermiers sont sur les dents. Le sage Lions lui-même finit par s’émouvoir et trouve qu’on le paie bien peu du mal qu’on lui donne. Il reçoit, comme au temps du feu comte, six septiers de blé à la récolte et un agneau au printemps. Mais les gratifications qu’il touchait alors sont passées de pratique. Il est fâché de travailler pour des ingrats.

Madame de Sade ne mérite qu’à moitié ce reproche. Elle s’oublie, mais croit que tout lui est dû, dès lors qu’elle ne travaille que pour autrui. Elle s’agite, intrigue, trotte et ne s’arrête guère que pour rafraîchir son corps et le purger préventivement.

Le départ de M. d’Ormesson et le remaniement du ministère lui donnent quelque espoir. L’ancien ministre était bête et ses réponses lui tournaient le sang. Le nouveau a plus d’esprit, mais il a trop à faire et ne l’entend point.

Gaufridy se conduit bien avec mademoiselle de Rousset dont le mal empire. Elle est lasse de souffrir, mais envisage encore son sort avec détachement et clairvoyance et traite l’avocat plus honnêtement. « Si j’étais Anglaise, lui écrit-elle, je me brûlerais la cervelle ; Française…, je crains de mourir. » Les choses d’Angleterre sont alors à la mode.




La marquise serait aussi dévote qu’il convient de l’être à Sainte-Aure si le bon Dieu faisait ce qu’elle veut. (25 janvier 1783).

……Ma santé se rétablit. La Jeunesse est retombé malade. Voilà huit mois qu’il traîne ; c’est une humeur qui veut se fixer sur sa poitrine et moi ce sont des attaques de nerfs suite des chagrins que j’ai.

Dites mille choses de ma part à madame Gaufridy et à mademoiselle de Rousset, et à cette dernière que je lui écrirai au premier jour et qu’elle ne soit pas jalouse si je commence par vous. Vous lui ajouterez que je suis très digne habitante de Sainte-Aure parce que, depuis que j’y suis, voilà ma quatrième maladie. Un peu de dévotion avec cela me rendrait une créature parfaite. Si le bon Dieu faisait ce que je voulais, comme je serais dévote ! Lisez-lui tout cela, elle rira, connaissant le local……


Mademoiselle de Rousset demande à l’avocat de dire au procureur et au viguier comment ils doivent s’y prendre pour faire observer les ordonnances. (7 février 1783).

Le garde trouva hier dans sa tournée, monsieur l’avocat, un homme qui faisait abattre un beau chêne, dans son terrain à la vérité. Sur les