Page:Sade, Bourdin - Correspondance inédite du marquis de Sade, 1929.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
MARQUIS DE SADE — 1781
169


On est bien sot quand on aime, n’est-ce pas ? Je crois que c’est un chien de mal qu’on ne guérit véritablement qu’en courant de très grands risques. Si elle a franchi les bornes, aidez-la, protégez-la. Tous ces Lacostains sont plus méchants que le diable. Ne croyez que ce que vous verrez par vos yeux et faites faire quarantaine à tout le reste ; toutes ces petites anecdotes m’auraient pourtant amusée ; j’aurais reconnu tout de suite l’esprit du pays. Je n’en parlerai à personne ; il est même bon que madame de S… ignore sa conduite, si vous ne la trouvez pas régulière, mais, vous, vous êtes en droit de lui représenter avec douceur ses torts ; je dis avec douceur, parce que la femme est un drôle d’animal qui exige toujours patte de velours.


Gothon va recevoir l’absolution du péché d’hérésie. (1er  février 1781).

Monsieur,

Le confesseur à qui vous m’avez adressée est charmant, aimable ; j’en suis bien contente, mais il se plaint de vous, monsieur, de ce que vous lui procurez des pratiques sans profit. J’ai fini avec lui, il ne manque que de m’absoudre, qu’il ne peut le faire sans la permission de Mgr. l’évêque, à cause du péché d’hérésie. Avez-vous eu la bonté, monsieur, de prendre des arrangements avec M. Defer ? À présent, je suis à vos ordres ; vous n’avez qu’à choisir le jour de cette semaine. Le plus tôt sera le meilleur. J’attends votre réponse, monsieur, pour savoir le lieu destiné. À présent que je suis bien sanctifiée, je suis bien contente de M. le curé. Il est aussi bien content de moi.

Il ne reste donc plus que vous et M. le grand vicaire……


Madame de Montreuil ne veut point s’occuper de la translation du marquis et se moque du certificat donné par ses vassaux. Impolitesse et égoïsme du commandeur. (10 mars 1781).

……Madame de S. m’avait en effet communiqué, monsieur, la lettre que vous lui avez écrite, où vous réclamez la nécessité de la présence ou du rapprochement pour suivre les affaires, et, après l’avoir lue, je ne lui ai dit autre chose si ce n’est que cela ne me regarde pas et que l’expérience du passé me mettait dans le cas de croire ne devoir, ni en honneur ni en conscience, la seconder dans de telles demandes ; que tout ce que je pouvais faire était de la laisser agir sans m’opposer. C’est ce que j’ai fait. Mais je doute, quelque soin qu’elle se donne, qu’elle obtienne ce qu’elle désire et sollicite. Comment peut-elle le désirer ? C’est un problème impossible à concevoir. Et sachant, encore plus sûrement que moi, ce que vous savez si positivement, comment pouviez-vous sans frémir pour lui-même la provoquer, cette liberté ? Tout ce que j’en puis concevoir, c’est que votre déférence pour madame de S. vous a fait lui écrire ce qu’elle voulait que vous lui écrivassiez.