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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


où on en a placé les débris est-elle intérieure ou extérieure ? Il serait intéressant pour ceux qui les ont gâtés qu’on n’en aperçût aucune trace qui pût les faire rechercher. Je crains et me défie des chercheurs ou chercheuses de pigeons ; est-on bien sûr de leur fidélité ?…… N.n.. a-t-elle eu connaissance de la perte de ces papiers ? C’est un point essentiel à savoir pour la conduite à tenir vis-à-vis d’elle.


L’abbé de Sade se réjouit d’avoir refusé de faire à Aix une démarche vouée à l’échec, mais espère néanmoins dans le succès. (24 juillet 1777).

Je me doutais bien, monsieur, que malgré toute votre éloquence vous ne réussiriez pas dans votre négociation. Les magistrats d’Aix s’en tiennent rigoureusement à leurs formes et ne veulent pas se relâcher. Ils s’étaient expliqués sur cela si clairement dans leur réponse à M. le chancelier que je n’aurais pas voulu, à la place de madame de Montreuil, faire de nouvelles tentatives. Mais cette bonne dame ne se rebute pas aisément et ne regarde pas la perte du temps comme une perte bien importante. Elle doit vous savoir gré de la complaisance que vous avez eue d’aller, dans ce temps-ci, solliciter une grâce que vous saviez que vous n’obtiendriez pas. Pour moi je n’en ai eu ni la force ni le courage, et je m’applaudis de ne l’avoir pas fait. À mon âge il ne convient d’aller demander que ce qu’on est sûr d’obtenir. N’importe, la grande affaire est en bon train et il y a grande apparence que d’une manière ou d’autre nous obtiendrons la cassation de l’arrêt. Voilà l’essentiel, surtout pour les parents.


Madame de Montreuil instruite par le ministre des instances d’Annet Sablonnière dépêche l’avocat à Nanon. (Paris, le 26 juillet).

……Le père de N.n.. tourmente ici pour la liberté. Le ministre, qui a des égards pour moi, me fait part des instances, et qu’il n’a rien voulu décider sans mon avis. Je sens qu’il peut être dangereux de trop résister parce qu’item il faut satisfaire un père de raisons lorsqu’il persévère, et que cela peut entraîner à des éclaircissements dangereux. Quoi qu’elle ait dit de vous, n’importe, elle vous a parlé, et, d’après cela, vous êtes en droit d’entrer avec elle dans des détails où d’autres ne peuvent pas entrer, parce que je ne veux en instruire personne. Il faut donc prendre votre grand courage. Vous faisant connaître à la supérieure par M. Lions, si elle ne vous connaît pas, lui demander d’abord de ma part quelle est la conduite de cette fille dans sa maison. Si elle n’est pas bonne, me le mander tout de suite. Si elle l’est, la prier de permettre que vous lui parliez de ma part. Et lui direz : que je n’oublie point qu’elle m’avait fait supplier avec instance de solliciter en sa faveur le pardon de ses fautes et les bontés de son ancienne maîtresse, avec promesse de sa part que je n’aurais jamais à me repentir de mes bontés pour elle et qu’elle garderait un silence éternel sur