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MARQUIS DE SADE — 1777
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père à Montpellier, car je ne vois plus que ce prompt remède, pourvu toutefois qu’il soit fidèlement exécuté, qui puisse tempérer l’agitation où en sont les choses. Je ne saurais vous la dépeindre aussi vive qu’elle est ni vous exprimer tout le mal que les suites de cette affaire peut porter à tant d’autres esquissées, etc., etc., etc. Je ne puis vous tout dire, quoique j’en dise assez. Tant mieux s’il n’y a pas réellement, en ce fait-ci, autant de mal qu’il en paraît, mais, quoi qu’il en soit, persuadez-vous bien vous-même, et persuadez bien aussi je vous prie à tout le monde, que tout le mal imaginable actuel ne saurait être comparable à l’incendie que cette étincelle peut faire et surtout si cette fille n’est promptement renvoyée à son père, et qu’on n’en rapporte la preuve plus claire que le soleil en plein midi. On ne doit pas empêcher un seul instant le procureur juridictionnel d’envoyer la procédure ; il serait mandé au moindre retardement et cela ne ferait que plus gâter les choses……


M. de Sade est en route pour Paris avec la Jeunesse tandis que la marquise voyage de son côté avec Justine Treillet. « De Teint près Valence, ce samedi 1er  février ».

Nous n’allons guère vite, mon cher avocat, et c’est ce qui me désespère. Mais les chemins sont si détestables qu’il est impossible d’avancer. Le temps, d’ailleurs, est toujours de plus mauvais en plus mauvais, et nous souffrons beaucoup. Cependant, nous serons j’espère le cinq sans faute à Paris.

Vous avez su sans doute que Justine s’était jetée aux pieds de madame, à l’Isle, pour la supplier de la mener à Paris, lui disant qu’elle ne voulait pas absolument aller à Montpellier et qu’il était inutile de penser à l’y faire conduire. Le besoin que madame avait de quelqu’un pour la servir, surtout en arrivant à Paris, où elle va de son côté et moi du mien avec la Jeunesse, et le peu d’inconvénient que nous avons cru qu’il y avait d’acquiescer à sa demande nous ont décidé à la conduire. Si son père venait encore la redemander ou qu’il écrivît, vous auriez la bonté de lui dire l’histoire et qu’au retour de madame on la lui rendra……


Reinaud prédit que le marquis sera sous les verrous avant un mois et met Gaufridy en garde contre l’ingratitude de certains nobles. (Aix, 8 février 1777).

Voici sans aucun doute le terme de tes maux, mon cher Gaufridy. On ne m’ôterait pas de la tête que la lettre de madame de Montreuil est un piège en dernier ressort, surtout venant après une dernière tentative évaporée. Le marquis donne dans le pot au noir comme un nigaud. Il me semble que sa belle-mère, blasée de voir ses mines éventées, projette un coup de subtilité pour avoir par adresse ce que la force lui refuse. Sur ma