Page:Sade, Bourdin - Correspondance inédite du marquis de Sade, 1929.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


1777


Les plaintes et les accusations de Treillet amènent une intervention menaçante du procureur général qui demande les pièces de la procédure et exige le renvoi de Justine.

L’abbé de Sade est grièvement atteint de la grippe (le mot n’est pas nouveau, non plus que la chose) et la marquise n’attend pas qu’il soit mort pour recommander à son frère, le commandeur, les intérêts de ses petits neveux. La présidente a reçu d’elle dix pages de reproches et d’insultes, d’ailleurs dictées par le marquis, au moment même où elle se proposait de présenter requête au roi « contre une procédure qu’on rend inattaquable en ne se constituant pas ». Madame de Montreuil laissera désormais M. de Sade sauver tout seul sa tête et son honneur et affirme au surplus qu’elle n’est pour rien dans les poursuites et les cabales qui se font en Provence. Elle prie néanmoins le garde des sceaux de demander lui-même une copie de la décision de Marseille, ou tout au moins de l’arrêt simple qui l’a confirmée (car un contumace ne peut recevoir l’extrait de sa sentence avant de s’être rendu) et s’arrête au projet de faire introduire une instance en révision par sa fille, plaidant comme administreresse des biens de son mari absent depuis cinq années « sans qu’on en ait nouvelle ».

Le marquis est très occupé d’un baril de vin qu’il fait venir de Florence.

M. et madame de Sade décident enfin de partir pour Paris, chacun voyageant de son côté. Le marquis descend chez l’abbé Amblet, rue des Fossés-Monsieur-le-Prince au faubourg Saint-Germain, vis-à-vis le charron. Reinaud pense qu’il donne comme un nigaud dans une embûche de sa belle-mère et qu’il sera sous clef avant la fin du mois.

Madame de Sade a emmené Justine ; elle écrit au procureur général