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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


La marquise laisse accréditer le bruit que M. de Sade est tombé dans la dévotion et qu’il a vu le pape. « Ce 26 juillet 1776. »

……Voilà le temps des perdrix et je n’ai point de garde. J’entends tirer de tous les côtés ; parlez-en à Blancard pour qu’il m’en procure un le plus tôt possible.

Votre exprès de Mazan est-il de retour ? Je ne puis croire à la vérité de cette nouvelle[1], mais elle mérite la plus grande attention……

Il a pris dans le pays une nouvelle que nous laissons s’accréditer sur la dévotion de M. de S… Nous vous en dirons les raisons, mais je vous préviens, afin que vous ne soyez pas étonné, que je dis qu’il a vu le pape. Nous vous conterons cela.

Quelques livres de chocolat.


La marquise a appris, non sans crainte, que la petite de Mazan avait fait une déposition chez le juge d’Orange. (3 août 1776).

……Il est certain que la fille a fait une déposition en règle chez le juge d’Orange, bien certain qu’elle y a demeuré huit jours à jaser et qu’elle est actuellement dans son pays, ce qui est encore plus dangereux ; et ce qui est plus certain encore, et que j’ai découvert, avec tout ce qui précède, depuis la dernière lettre que je vous ai écrite, c’est que tout est conduit, mené par Ripert et Jean son ayant cause. Sur tout cela il serait, ce me semble, essentiel de raisonner, parce que je ne doute pas qu’il n’y ait à cela quelque suite. Au reste, ce sera quand vous voudrez et surtout sans vous déranger parce que, effectivement, la chaleur est bien grande pour se trop tracasser et l’esprit et le corps……


M. de Sade s’émeut que la marquise, qui est malade, n’ait pas de quoi se vêtir. (Sans date).

Mon cher avocat, madame est malade et ne l’est que pour avoir gagné un grand froid, l’autre jour à la promenade, en raison de ce qu’elle n’est pas vêtue. Elle me dit qu’elle vous avait prié, il y a bien longtemps, de lui envoyer un échantillon de molleton et le prix du dit molleton, ainsi qu’un échantillon de toile d’Orange également avec son prix ; cependant vous n’en avez rien fait. Je vous prie donc de faire passer ces objets mardi sans faute pour qu’elle puisse s’habiller sur le champ et ne pas s’exposer comme elle vient de faire, car elle souffre beaucoup et est au lit. Rien de Paris ce courrier-ci. Je vous embrasse.

Je vous prie de recommander à Marcois les deux estampes que je lui ai données à encadrer, et surtout qu’il ne les perde pas.

  1. La fuite de la petite que l’abbé de Sade avait confiée à Ripert, régisseur de Mazan, après sa guérison.