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SASCHA ET SASCHKA.

Saschka apporta deux grandes peaux de loup qui étaient sur le divan, et, comme Kasimira venait de s’y asseoir, il fut obligé de s’agenouiller pour lui envelopper les pieds.

Elle le regardait faire avec un sourire narquois.

« Comme vous prenez soin de moi ! » s’écria-t-elle.

Et, quand le jeune homme voulut se lever, elle posa les mains sur ses épaules, et ajouta :

« Restez donc un peu là, faites-moi un peu la cour.

— Pardonnez-moi, comtesse, repartit Saschka, dans cette attitude je ne saurais comment m’y prendre et je ne pourrais vraiment vous plaire.

— Mais si je le désirais quand même ?

— Vous plaisantez. »

Le jeune homme se leva.

« Voulez-vous jouer le Kato ?

— Non, cela me serait impossible parce que…

— Parce que vous aimez. »

Saschka demeura sans répondre.

« Vous aimez Marga ? Répondez.

— Je ne peux pas mentir.

— Et Marga vous aime aussi ?

— Je l’espère. »

Kasimira déchira son mouchoir garni de dentelle. Elle était devenue pourpre, car elle ressentait du dépit et en même temps une certaine honte.

Après avoir regardé fixement devant elle pendant quelques instants, elle se leva soudain et fit à plusieurs reprises le tour de la chambre, si rapidement que les larges manches de son manteau de fourrure voltigeaient autour d’elle comme les ailes noires d’un