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SASCHA ET SASCHKA.

Il arrêta son cheval et se découvrit. La comtesse le salua de la main.

« Vous voici, malgré la tempête et les éclairs, s’écria-t-elle, cela me plaît, je vois que vous avez du courage.

— Vous me pardonnerez si je ne mets pas pied à terre, dit le jeune homme en souriant ; mais vous voyez, comtesse, dans quel état je suis ; il m’est absolument impossible d’entrer ainsi dans les appartements d’une dame.

— Impossible ! répondit Kasimira, pour moi il n’y a rien d’impossible. Je veux passer cette soirée avec vous, donc vous allez rester chez moi. Pas un mot de plus. Vous trouverez dans la garde-robe de mon frère tout ce dont vous avez besoin.

— Dès que vous me le commandez, comtesse, dit Saschka en s’inclinant, il me faut obéir ; dans quelques minutes je serai à vous. »

Il éperonna son cheval et s’élança dans la cour du château ; puis, mettant pied à terre, il abandonna l’animal au palefrenier et entra dans le fournil où les gens de service étaient réunis. Il suffit au jeune homme d’adresser quelques bonnes paroles à l’un des valets pour que celui-ci lui prêtât son costume des dimanches, et, cinq minutes après, Saschka se présentait au salon devant la comtesse, portant des bottes noires, un large pantalon, une grande redingote en drap bleu, et une large ceinture autour de sa taille élancée.

« Oh ! comme vous avez bonne mine ! » s’écria-t-elle joyeusement.