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SASCHA ET SASCHKA.

promenade, à laquelle tout le monde prit part, le baron admirait la conduite de sa sœur. Il ne doutait plus de son bon cœur, car il croyait en toute sincérité que des rapports si intimes devaient être fatals à un plébéien, à un fils de pope.

Tandis que M. Piontkowski remplissait durant cet après-midi, et sans être dérangé, l’office de chevalier envers Marga, il fit à plusieurs reprises des réflexions sur la situation plaisante où se trouvait sa sœur, circulant au bras de Saschka. Il échappa à sa perspicacité que Marga considérait ce couple avec des sentiments tout différents des siens. Ce fut seulement quand le baron partit avec sa sœur que les fiancés purent échanger quelques paroles.

« Comment trouvez-vous la comtesse ? dit enfin Marga ; elle est piquante, n’est-ce pas ?

— C’est une belle femme, mais elle ne me plaît guère, repartit Saschka.

— Elle ne s’en doute point, assurément.

— Comment le savez-vous ?

— Elle m’a dit : « Envoie Saschka chez moi, il me plaît, et je sais que je lui plais aussi. »

Saschka partit d’un éclat de rire.

« Mais il faut pourtant que vous y alliez.

— Je n’y songe point.

— Ce serait trop impoli.

— Pour moi, je suis bien persuadé que l’on doit me considérer dans ce milieu comme un vrai paysan ; non, il ne me sied pas de fréquenter ce monde-là.

— Mais elle vous attendra.

— Et de quel droit ?