Page:Sacher-Masoch - Sascha et Saschka (suivi de) La Mère de Dieu, 1886.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
75
SASCHA ET SASCHKA.

la comtesse, mais, afin de ne pas se montrer impolie à son égard, elle alla quelquefois la voir et fit avec elle des promenades en traîneau quand Kasimira venait elle-même la chercher. Cette dernière, qui avait coutume de passer ses journées à y lire des romans français, eut soin dès lors de se faire souvent appeler, sous prétexte d’occupations pressantes, afin de laisser Marga en tête-à-tête avec le baron, quand ils se trouvaient ensemble chez elle. Son frère profitait de ces instants pour faire ardemment la cour à la belle jeune fille, mais les semaines et les mois s’écoulaient sans qu’il avançât pour cela d’un seul pas.

Dame Zagoinska épuisa toute sa rhétorique, mit en œuvre toute son habileté et son art de dissimuler ; M. Zagoinski fit des citations de Voltaire, tout fut inutile. Marga ne se laissa pas plus toucher par le faste et le luxe qu’on lui promettait que par les doux regards et les paroles mielleuses du baron.

« J’ai quelque chose à te communiquer, dit un jour au collège Karol en se tournant vers Saschka.

— Quoi donc ?

— On veut marier Marga.

— Et elle ?

— Comme tu peux le penser, elle n’y veut point consentir. »

Lorsque Saschka revint passer les vacances chez ses parents, Marga n’attendit point qu’il se rendît au château, mais elle parut à la cure le soir de son arrivée, sous le prétexte d’aller y chercher des livres. Tandis que Spiridia était occupée à la cuisine, Sascha sortit, laissant ensemble les fiancés, mais il se serait fait