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SASCHA ET SASCHKA.

« Il fait sombre autour de nous, murmura-t-il, il faut se presser. »

Il se mit donc en marche en traversant à la hâte les champs de pastels et non sans faire encore une halte près de la sainte image de la Vierge, sur la route qui conduisait au village. Déjà l’obscurité s’étendait au loin sur la vaste plaine, mais on apercevait quelques étoiles au firmament et des lumières au château. Marga se serrait étroitement contre Saschka, non par un sentiment de crainte, car elle avait le cœur vaillant, mais ils avaient encore tant de choses à se dire, et le langage muet des cœurs est si beau et si doux ! Quand on s’aime, on se comprend si bien sans paroles !

Lorsque Saschka entra au château avec son précieux fardeau, M. et Mme Zagoinski, saisis de frayeur, accoururent à sa rencontre ; Karol était déjà parti à cheval à la recherche de sa sœur, et Vanda était allée en toute hâte à la cure, où ses parents avaient espéré qu’elle se trouvait plutôt que partout ailleurs. Marga fut aussitôt mise au lit, puis on envoya, par un exprès à cheval, chercher un médecin.

Saschka voulait se retirer, mais Marga le pria de rester ; il demeura donc au château jusqu’au lendemain. M. Zagoinski le remercia dans les termes les plus affectueux. Mme Zagoinska pleura et se pencha vers le jeune homme pour l’embrasser. Karol, qui venait de rentrer avec Vanda, repartit aussitôt pour aller tranquilliser les parents de Saschka au sujet de leur fils.

Lorsque celui-ci retourna chez lui le lendemain, son ami l’y accompagna.