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SASCHA ET SASCHKA.

frais, et qui sans doute appartenait à la jeune fille. Au grand étonnement de l’étudiant, elle vint à sa rencontre tandis qu’il longeait les champs de maïs en retournant à son village ; on voyait à son teint qu’elle avait fait une marche rapide ; Saschka ignorait qu’elle était venue par un chemin détourné pour le rejoindre en cet endroit.

Il la salua et entra dans le champ pour la laisser passer en avant dans l’étroit sentier ; mais elle demeura immobile devant lui et se mit à jouer dans le sable avec son ombrelle.

« Vous avez été chez mon frère ? dit-elle, pour lier conversation.

— Oui, et j’ai beaucoup regretté que vous ne fussiez point à la maison.

— Vous n’y avez rien perdu. J’étais au village.

— Est-il vrai que vous soyez l’auteur d’un ouvrage ? dit la jeune fille.

— Oui, mademoiselle : les Légendes et les Chants populaires.

— Je vous en prie, prêtez-moi ce dernier volume.

— De tout cœur et aussitôt que vous le voudrez.

— Bonsoir.

— Je suis à vos pieds[1] »

Marga ne s’éloigna point encore.

« Monsieur Homutofko, dit-elle, en quoi puis-je vous être agréable ? Je voulais encore vous prier de ne pas m’en vouloir au sujet de la plaisanterie qui a eu lieu dernièrement.

  1. Salutation polonaise.