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SASCHA ET SASCHKA.

vèrent aussitôt, et Bartezki tomba sur le sol. Naturellement, plus on riait, plus le gentilhomme était irrité.

« Si vous aviez pour but de m’offenser, je vous prie de me le dire, déclara-t-il à Saschka.

— Comment voulez-vous que j’aie eu l’intention de vous offenser, repartit celui-ci d’un ton moqueur, en vous abandonnant la place que vous me destiniez !

— Dans tous les cas, c’est une sotte plaisanterie, murmura Bartezki encore plus vexé.

— Cette plaisanterie venant de vous, monsieur Bartezki, répondit tranquillement Saschka, vous pouvez la qualifier comme bon vous semble. »

Karol prit le jeune Polonais sous le bras et le conduisit à l’écart : ce qui mit fin à la discussion. En même temps Saschka se rapprocha des deux sœurs.

« Mademoiselle Marga, dit-il, comme roi et comme époux je fais valoir mes droits. »

Et, avant que la jeune fille soupçonnât ses desseins, il l’entoura de son bras vigoureux et l’embrassa.

« Cela n’est point permis, balbutia Marga tandis qu’une vive rougeur couvrait ses joues.

— On recueille ce qu’on a semé », repartit Saschka tandis qu’il s’inclinait en souriant.

Ils n’échangèrent plus une seule parole et pas même un regard pendant le reste de la soirée.

Lorsque Saschka vint revoir Karol, Marga ne parut point, mais, au moment où le fils de Sascha prenait congé de son ami à la porte du jardin, il vit derrière une verte muraille d’ifs une robe aux tons clairs et