Page:Sacher-Masoch - Sascha et Saschka (suivi de) La Mère de Dieu, 1886.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
50
SASCHA ET SASCHKA.

Une conversation animée s’engagea au sujet de la capitale, du théâtre qui s’y trouvait, et des nouveautés littéraires de la Pologne.

Saschka put fournir sur les sujets que l’on traitait de meilleurs renseignements que les jeunes nobles qui étaient présents, de sorte que la conversation eut lieu désormais entre lui, M. et Mme Zagoinski et leur fils.

Marga faisait de vains efforts pour ne point entendre et plus encore pour ne point regarder le fils de Sascha ; elle ne perdit néanmoins pas un mot de la conversation, et toujours, presque à son insu, elle regardait son visage beau et intelligent.

Quand les jeunes gens quittèrent la maison pour aller jouer au volant dans les champs, le hasard voulut que Saschka et Marga se trouvassent en arrière et que l’une des longues tresses blondes de celle-ci demeurât prise à un clou de la porte. Le jeune homme accourut à son secours et la détacha. Elle balbutia quelques paroles de remerciements et s’enfuit. Il la suivit.

Pendant le jeu, Marga prit le temps d’observer Saschka, et elle fut tout aussi étonnée de sa tenue élégante et de l’élasticité de ses mouvements qu’elle l’avait été auparavant par sa science et par sa manière de s’exprimer. D’un autre côté, le regard du fils du curé cherchait toujours la taille élancée et le visage virginal de la jeune fille, dont les charmes étaient encore rehaussés par des vêtements simples et de couleur claire et par une luxuriante chevelure.

Saschka trouva maintes fois l’occasion de lui pré-