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SASCHA ET SASCHKA.

dans les bois et sur les montagnes, là où personne ne venait troubler leurs interminables entretiens.

Depuis que Sascha avait fait ses études, il s’était produit dans les sciences de grands progrès, dont l’influence se faisait sentir dans les écoles. C’était vraiment touchant de voir le curé assis, la pipe turque aux lèvres, et se faisant raconter et expliquer par son fils des choses dont il n’était pas suffisamment instruit, ou même qui se trouvaient être toutes nouvelles pour lui ; il tenait la main de Saschka et, ne pouvant se lasser de le regarder, il en oubliait parfois sa longue pipe, qui s’échappait de ses mains.

Dans l’après-midi du dimanche le chantre venait à la cure. Il était aussi exact à en ouvrir la porte que l’était le coucou à sortir de l’horloge pour annoncer quatre heures.

Spiridia lui servait du café ; il souriait à la jeune femme et demandait à Saschka comment il se trouvait sur les bancs de l’école.

« C’est vraiment un bel enfant, avait coutume de dire le lieutenant Silvaschko, le meilleur ami de Sascha, et qui ne manquait non plus d’aller chez lui ces jours-là.

— C’est la vérité, répondait régulièrement le chantre, il est vraiment le portrait de sa mère. »

Spiridia souriait avec orgueil en passant doucement la main sur la fourrure de sa kazabaïka.

Les vacances amenaient chaque année Saschka chez ses parents.

Toutes les fois que cela se pouvait, Sascha préparait avec son fils les leçons qu’on lui donnait à étu-