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SASCHA ET SASCHKA.

l’église encore vêtu du surplis et de l’étole. Tous les gens de la noce, qui voyaient en cet événement un heureux présage pour les nouveaux mariés, coururent sur ses pas. En un instant la petite maison et la cour se trouvèrent remplis de villageois et de villageoises ; par toutes les fenêtres, de joyeux visages regardèrent à l’intérieur du logis, et, tandis que des souhaits de bonheur s’échappaient de toutes parts et que les musiciens jouaient au dehors, les cloches de l’église, sonnant à toute volée, retentirent si sonores qu’on eût dit que les anges eux-mêmes les agitaient.

En même temps on put voir dans la petite chambre du presbytère reposer une belle jeune mère, dont un sourire de béatitude illuminait le visage pâle et fatigué, puis, le pauvre desservant tenant son enfant dans ses bras, riant et pleurant à la fois et le couvrant de baisers.

« Dieu veuille que le fils ressemble à son père », dit un vieux paysan.

Puis, l’enfant s’étant mis à crier, toutes les femmes tendirent les mains pour le saisir afin de l’apaiser, et plusieurs voix s’écrièrent en même temps :

« Ne pleure pas, Saschka ! »

À partir de ce moment l’enfant fut ainsi appelé, quoiqu’on le baptisât deux jours après sous le nom d’Alexandre.

Quand le petit enfant dormait dans son berceau et que la jeune mère le berçait en travaillant, ayant Sascha assis à ses côtés, combien il était agréable au père et à la mère de former pour ce cher enfant de doux projets d’avenir ! Le jeune prêtre croyait voir