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LA MÈRE DE DIEU.

se montrèrent à travers les arbres, s’approchant peu à peu.

« Des loups ! » murmura Sabadil.

Mardona ne dit rien. Elle se leva, droite, dans le traîneau, et prit son fouet. Les loups approchaient. On entendait déjà leurs cris féroces, leurs hurlements prolongés. Mardona brandit son fouet et en laboura les flancs de ses chevaux, qui partirent ventre à terre.

Les clochettes de l’attelage rendaient un tintement aigu pareil à une plainte. La neige et la glace sautaient et tourbillonnaient sous les sabots des chevaux ; le traîneau volait comme un oiseau à travers la tourmente. Peu à peu les hurlements devinrent moins distincts, et les yeux phosphorescents des loups disparurent dans les ténèbres. Le danger était passé, Sabadil respira profondément. Mardona le regarda par-dessus l’épaule avec dédain. Puis elle sourit de nouveau, de son mauvais sourire.