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LA MÈRE DE DIEU.

berger qui cherche sa brebis perdue. Sais-tu ce que tu as fait, dis-moi ? Et t’en repens-tu ?

— À quoi penses-tu ? repartit Sabadil, qui avait repris sa tranquillité. Ai-je l’air d’un imbécile ? Ce que j’ai fait, ce que j’ai dit, je l’ai fait et dit, non pas dans la colère, mais parce que c’est mon intime conviction.

— Tant pis ! interrompit la Mère de Dieu d’un ton sévère.

— Tant pis ou tant mieux, reprit Sabadil. Je n’ai fait que dire la vérité. Je le répète : j’ai parlé franchement, selon ma conviction, du fond du cœur. Je ne mens pas, moi. Je ne suis pas hypocrite ; c’est vous qui êtes des hypocrites !

— Malheureux !

— Oh ! je n’ai aucun besoin de ta compassion, de ta pitié, continua Sabadil, avec un rire dédaigneux. Je ne me repens pas de ce que j’ai fait. Non, certes, je ne le regrette pas. Aussi ne me vient-il pas à l’idée de faire pénitence.

— Cependant tu t’humilieras.

— Jamais !

— Quel entêtement ! quelle morgue tu as tout d’un coup ! continua Mardona. Je ne te reconnais pas. Et tu affirmes que c’est la sagesse qui parle par ta bouche ! Tu es possédé du diable, Sabadil ! »

Il se mit à rire aux éclats.

« S’il en est ainsi, exorcise-moi, élue du Très-Haut, Vierge toute-puissante, reine des saints et des anges.

— Oui, Sabadil, telle est aussi mon intention », repartit Mardona.