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LA MÈRE DE DIEU.

des forêts embaumées. Bientôt aussi Sabadil se prit à sourire joyeusement. Il retrouva son sourire candide des jours heureux, lorsqu’il se promenait dans les bois, où il rencontra Mardona, près de l’étang solitaire aux flots dormants. Il attira la jeune fille sur son cœur, non pas avec une passion sauvage, mais avec un sentiment profond de bonheur. Et en ce moment les torts qu’il avait envers la Mère de Dieu l’aiguillonnèrent et il éprouva un vif repentir. Il se mit à la caresser et à l’embrasser et à la caresser encore avec une tendresse qui la toucha et qui la rendit bien heureuse.

« Je t’ai retrouvé maintenant, mon bien-aimé, murmura Mardona. Et je te jure que tu ne m’échapperas plus. »

Elle l’embrassa et l’embrassa encore, et toujours, jusqu’à ce qu’une voix de femme, claire et vibrante, vînt séparer les amoureux brusquement.

« Qui est-ce ? demanda Mardona, fronçant les sourcils.

— Une jeune fille qui fait ma cuisine et soigne la volaille.

— Est-elle jolie ? »

Sabadil haussa les épaules.

« Mais jeune ?

— Jeune, oui.

— Jolie et jeune, s’écria Mardona. Cela doit donner à causer dans le village. Pourquoi ne prends-tu pas plutôt une vieille femme ?

— À quoi bon ? Une jeune femme travaille mieux. » Ils sortirent de l’étable ; Mardona dévisagea avec