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LA MÈRE DE DIEU.

— J’ai passé par ici, je suis en tournée d’affaires, répondit le juge. Je me rends à Brebaki, et j’ai pensé… »

Seulement alors il remarqua Sabadil et hésita à en dire davantage.

« Venez donc chez moi, sous mon toit, dit Mardona ; ici habitent mes parents. »

Elle marcha vers la porte, et, se retournant :

« Sabadil, aie soin qu’on ne nous dérange pas. »

Sabadil lui jeta un regard suppliant, mais elle n’y prit pas garde. Elle traversa le corridor et la cour pour aller chez elle. Zomiofalski la suivait, les yeux fixés sur sa taille gracieuse, très rouge et un peu confus. Arrivé dans la chambre de Mardona, il regarda autour de lui avec surprise, puis il s’empara des mains de la jeune fille.

« M’en veux-tu ? commença-t-il à voix basse.

— À propos de quoi ?

— De ce qu’il m’a été impossible de t’acquitter selon mon désir.

— Vous avez été bon pour moi. Je vous dois une entière reconnaissance.

— Ainsi tu me pardonnes ?

— Mais, monseigneur, je vous en prie, répondit Mardona avec un fin sourire, vous savez bien que vous m’avez sauvée. Dois-je vous le dire ? Voulez-vous me remplir de confusion ?

— Ne parle pas de cette bagatelle, dit Zomiofalski ; tout est terminé, heureusement. Mais… j’avais l’intention… Et maintenant le courage me fait défaut…

— Quelle était votre intention, Excellence ?