Page:Sacher-Masoch - Sascha et Saschka (suivi de) La Mère de Dieu, 1886.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
15
SASCHA ET SASCHKA.

quête ; et, quoique Nogaïski et sa femme ne comprissent pas grand’chose ou même rien du tout aux beaux discours dont il appuya sa demande, ils y acquiescèrent sans trop de difficulté. Spiridia gagna encore une de ses amies, la fille d’un instituteur, à la noble cause du jeune homme.

Il y avait donc assez de personnages pour remplir tous les rôles de la Fête des Moissonneurs, et l’on put se mettre à l’œuvre pour exécuter le grand projet.

Spiridia jouait une riche paysanne, fiancée à Sascha ; sa sœur était la femme d’un villageois, et leur amie, la vieille sorcière du pays. Les répétitions se faisaient sur le théâtre improvisé. Chaque fois qu’elles avaient lieu, l’auteur allait chercher les jeunes filles, puis il les reconduisait chez elles, soit en voiture, soit à cheval.

Pendant le trajet Spiridia était près de lui sur le siège ; lorsqu’ils revenaient en voiture et lorsqu’il voyageait à cheval, Sascha se tenait seul aux côtés de la jolie amazone, dont les compagnes faisaient trotter leur cheval en avant.

Les curés et les instituteurs de tout le voisinage vinrent, accompagnés de leur famille, assister à la représentation ; les paysans accoururent aussi de toutes parts. Il fut impossible d’introduire tout le monde dans la salle de spectacle ; on dut laisser les portes ouvertes, et des centaines de personnes se virent forcées de rester en plein air et de regarder à travers les fenêtres. L’exécution de la pièce fut beaucoup plus satisfaisante qu’on ne pouvait s’y attendre de la part d’acteurs peu exercés.

Ceux-ci suppléèrent merveilleusement à ce qui leur