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LA MÈRE DE DIEU.

personne. Il mangeait comme quatre ; il engloutit une portion formidable de kasche, et ingurgita la moitié d’une grande cruche d’eau-de-vie,

« Je ne peux cependant pas me présenter ainsi à mes disciples, dit Wewa, désignant ses pieds nus et sa chemise grossière.

— Qui donc y songe ? dit Sukalou. Tu te vêtiras selon ton rang, comme une noble dame.

— J’aurai des bottes à talons d’argent ?

— À talons d’or, Wewa, à talons d’or ! Mardona en a eu en argent, elle.

— Et des habits de soie ?

— De soie et de velours.

— Avant tout, procure-moi une pelisse de martre ; mais une pelisse plus belle que celle de Mardona.

— Tu auras de la zibeline, Wewa, affirma Sukalou. Toutes les comtesses portent de la zibeline. Et… que dit donc cette belle légende du pécheur… où le poisson d’or, pour récompenser l’homme qui avait levé le charme jeté sur lui, fit de sa femme une barine ?…

— Elle parut sur l’escalier seigneurial, s’écria Wewa, la tête prise dans une splendide parure ; elle avait au cou des colliers de perles ; ses doigts étaient couverts de bagues d’or, ses pieds chaussés de pantoufles rouges. Elle portait un manteau de velours garni de zibeline. »