Page:Sacher-Masoch - Sascha et Saschka (suivi de) La Mère de Dieu, 1886.djvu/206

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
197
LA MÈRE DE DIEU.

« Sukalou ! murmura une voix caressante à son oreille. »

Il se mit à prier avec plus de ferveur et ne prêta pas attention. On le tira de nouveau par sa manche, plus fort.

« Écoute-moi donc !

— Laisse-moi prier », dit Sukalou sans daigner jeter un regard à Wewa, qui se tenait derrière lui.

Celle-ci, furieuse, lui donna un coup de poing dans le dos et s’éloigna rapidement.

Lorsque Mardona entra, vêtue de son costume de cérémonie, l’assemblée entière tomba à genoux. La Mère de Dieu bénit les assistants et s’assit, avec une grande dignité, devant la table où se trouvaient le pain et le sel. Sabadil se tenait à ses côtés. Elle le lui avait ordonné.

« Si quelque chose te surprend ou t’embarrasse, lui avait-elle dit, interroge-moi.

— Permets-moi de te dire, en ce cas, répondit Sabadil, l’étonnement que me cause dans ce saint lieu la présence de ces deux juifs.

— Tout homme, qu’il soit juif, ou chrétien, ou musulman, ou même païen, peut prendre part à notre service divin, repartit Mardona. Ce n’est pas la présence de l’homme qui souille un temple, ce sont ses mauvaises actions. »

Un des Duchobarzen s’avança et entonna le psaume : « C’est ainsi que parle notre souverain le Dieu d’Israël ». Le reste de l’assemblée s’unit en chœur à sa voix et répéta l’hymne. Lorsque le chant fut terminé, un des vieillards se leva et alla prendre par la