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SASCHA ET SASCHKA.

— Où faut-il que j’aille ?

— Où ? si ce n’est chez mes parents.

— Et en quel lieu habitent-ils ?

— Je suis la fille de Nogaïski, curé de Drevina.

— Je suis heureux de vous connaître, mademoiselle. Mon père est le curé du pays et il s’appelle Homutofko.

— C’est fort bien. Et quel est votre nom de baptême ?

— Alexandre, mais mes parents ont continué à m’appeler Sascha, comme dans mon enfance.

— Moi, je me nomme Spiridia.

— Mais comment se fait-il que vous voyagiez ainsi seule au milieu des bois ? N’avez-vous pas peur de rencontrer des voleurs ou des loups ?

— Je ne crains rien, dit Spiridia ; d’ailleurs je pourrais me défendre dans les plus grands dangers. »

En parlant ainsi, elle tira de l’arçon de la selle deux pistolets, qu’elle montra à Sascha.

« J’aime à me promener seule dans la forêt, mais je ne le ferais point par plaisir. Comme mon père est vieux et infirme, et que, depuis deux ans, ma mère a pris un tel embonpoint qu’elle ne peut plus faire aucun mouvement sans en éprouver de la fatigue, il me faut aller dans la campagne et au milieu des pâturages où paissent nos troupeaux ; je vais aussi chercher à la ville la correspondance de mon père. Quand nous nous sommes rencontrés, j’allais au bailliage cantonal, parce qu’on nous a volé un poulain. »

Les deux jeunes gens continuèrent à deviser ainsi, puis, arrivés à la lisière de la forêt, près de la croix