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LA MÈRE DE DIEU.

les croisées. Les fenêtres étaient garnies de fleurs ; un petit canari dormait la tête sous son aile, perché dans sa cage de laiton. Devant le lit de la Mère de Dieu on avait étendu une grande peau de loup. C’est là qu’elle appuyait ses pieds lorsque Sabadil entra.

« Laisse-nous, Barabasch, ordonna Mardona sans un geste.

— Pourquoi m’en irais-je ? répondit le paysan d’un ton aigre.

— Tu n’as pas de questions à m’adresser, dit Mardona, très calme ; tu as à obéir à mes ordres. Allons, va ! »

Barabasch jeta sur Sabadil un regard venimeux et se dirigea lentement vers la porte.

« Tu t’en vas sans me saluer ? » demanda Mardona.

Ses grands yeux bleus étaient arrêtés sur Sabadil, brillant d’une douceur infinie. Nul ne pouvait résister à ce regard. Barabasch revint précipitamment sur ses pas, et s’agenouilla aux pieds de la Mère de Dieu.

« Je tiens à t’avertir, mon ami, continua-t-elle, que tu me parais changé depuis quelque temps. Tu t’oublies souvent en ma présence ! Prends-y garde ! »

Elle l’embrassa et lui adressa un signe de la tête.

Barabasch soupira et sortit tout pensif. On entendit quelques instants encore ses pas lourds résonner sur le pavé de la cour, puis tout se tut. Mardona et Sabadil restèrent seuls.

« Qu’a-t-il ? demanda Sabadil après une pause.

— Il est jaloux.