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LA MÈRE DE DIEU.

— Ainsi, Sukalou, ces martres sont à toi ? reprit Mardona.

— Non. Elles appartiennent à un juif, aussi vrai que j’aime Dieu.

— Et elles sont à vendre ?

— Sûrement, dit Sukalou d’une voix humble en soufflant dans les soies fauves de ses fourrures. Je suis chargé d’aller dans les seigneuries les faire voir. Et si je réussis à les placer avantageusement, il me reviendra un petit bénéfice.

— Allons ! Qu’est-ce que tu en veux ? demanda Mardona dont les yeux brillaient de convoitise.

— Elles sont de dix florins pièce. Pardonne, Mardona, les martres ne m’appartiennent pas. Si elles étaient à moi, je m’empresserais de les déposer à tes pieds en te priant de les accepter en cadeau, et je serais fier que tu veuilles bien en recevoir l’hommage. Mais, dans le cas présent, il me faut tenir mon prix comme avec un acheteur ordinaire.

— Donne-les-moi pour six florins.

— Impossible.

— Sukalou, prends garde de m’irriter, dit Mardona. Dis ton dernier prix.

— Eh bien ! huit, parce que c’est toi.

— Six. »

Sukalou secoua la tête.

« Donne-lui-en sept, chuchota Anuschka à l’oreille de sa sœur.

— Sept florins la peau, dit Mardona. C’est très cher, mais passe. Emporte les martres, Anuschka, et toi, père, paye Sukalou. »