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LA MÈRE DE DIEU.

parti pour les uns ou les autres. Je ne puis non plus me rendre à la seigneurie. Si le baron veut me parler, qu’il vienne auprès de moi. L’honneur sera de son côté, je vous l’assure.

— Certainement ; je suis sûr qu’il viendra, s’écria l’officier. Je vais me rendre tout de suite au château. »

Le seigneur arriva en effet. Le wujt aussi arriva, accompagné de deux doyens du village et suivi de l’écrivain pour dresser le protocole. Mardona prit place entre le commissaire et l’officier. Les assistants se groupèrent autour d’elle. Et elle exposa la question, très calme, d’une voix ferme et avec un grand jugement. L’un et l’autre parti furent également satisfaits. Chaque fermier s’engageait à travailler pour le seigneur, un jour par semaine ; le seigneur, de son côté, mettait à la disposition des paysans les pâturages et les bois, comme auparavant.

La tâche de la commission était terminée. Les messieurs se mirent en devoir de quitter Fargowiza-polna. Mais Mardona s’y opposa.

« Passez la soirée avec nous, leur dit-elle. Nos jeunes gens vont danser et faire de la musique en votre honneur.

— Si vous nous y autorisez, Mardona, dit le commissaire en s’inclinant, nous acceptons avec grand plaisir. »

Le hussard salua respectueusement.

« Je vous prie de rester », répéta la belle Sainte.

Les jeunes filles et les garçons ne se firent pas attendre. Jehorig joua des cymbales, Wadasch du violon, et le diak (chantre de l’Église russe) de