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LA MÈRE DE DIEU.

— Pas directement,… mais…

— Sofia Kenulla, prends garde ! Cela ne finira pas bien pour toi », dit la Mère de Dieu d’un ton dur en lui tendant les lèvres.

Tandis que Sofia saluait les assistants et leur donnait le baiser de paix, Mardona se pencha vers Sabadil :

« Regarde-la donc, murmura-t-elle : ne dirait-on pas un ange ? Cependant, parmi nous, il n’y a pas de pire pécheresse.

— Est-ce possible ? exclama Sabadil. C’est vrai, elle est extraordinairement belle ! »

Mardona perça d’un regard haineux Sofia, puis elle observa Sabadil. Si le jeune homme eût surpris ce regard, il aurait frémi à coup sûr. Il eût lu dans l’œil bleu de Mardona l’arrêt de mort de Sofia. Dès ce moment elle était condamnée.

Wadasch avait décroché de la muraille un vieux violon et s’était assis près de Jehorig. Les deux jeunes gens regardaient Mardona.

« Nous permets-tu de danser ? » demanda Turib, qui n’osait pas lever les yeux sur sa sœur.

Celle-ci était de bonne humeur ce soir-là. Elle approuva du geste.

Aussitôt Turib et Sofia Kenulla et, vis-à-vis d’eux, Barabasch et la sœur de Mardona se mirent à danser une cosaque, les bras gracieusement entrelacés, au son des cymbales et des accords graves du violon.

« Et toi, demanda Mardona à Sabadil plongé dans une douloureuse rêverie, près d’elle, tu ne danses pas ?