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LA MÈRE DE DIEU.

vanté, comme s’il se fût agi pour lui de franchir un abîme. Enfin, il se glissa le long du mur, sur la pointe des pieds, jusqu’à Mardona, et tomba devant elle, à genoux, la tête inclinée.

« Plus près, Wadasch, plus près », dit Mardona.

Il s’avança, traînant ses genoux sur le carreau, et gravit péniblement les marches conduisant au siège de la Mère de Dieu. Celle-ci se pencha vers lui, pleine de compassion, et lui donna le baiser de paix. Wadasch retourna à sa place en chancelant, puis s’approcha de Jehorig et des autres jeunes gens, afin de les embrasser également.

Sabadil, avec cet instinct que les hommes épris ont de commun avec les animaux, comprit immédiatement que ces deux hommes, Barabasch et Wadasch, étaient amoureux de Mardona. Seulement Barabasch était possédé pour elle d’une violente passion, tandis que le pauvre Wadasch l’adorait de loin, d’un amour timide, rempli de respect et de frayeur.

La porte s’ouvrit de nouveau. Cette fois, ce fut pour livrer passage à une jolie femme qui n’était plus tout à fait jeune. Sa taille était svelte ; elle avait de splendides cheveux blonds et un admirable visage pâle, d’une pureté de vierge.

« Pourquoi viens-tu si tard, Sofia ? » demanda Mardona, fronçant le sourcil.

Elle paraissait lui en vouloir beaucoup.

« J’avais affaire… Mon mari,… tu le connais bien ? » balbutia Sofia toute interdite.

Et elle s’agenouilla aux pieds de la Mère de Dieu.

« Viens-tu de chez toi ? continua Mardona.